[Ce que l’argent ne saurait acheter en français] Michael Sandel est l’un des philosophes politiques les plus fameux depuis plusieurs décennies notamment depuis son remarquable « Liberalism and the Limits of Justice » (libéralisme et les limites de la justice) de 1982 et aussi en raison du succès de son MOOC à Harvard. Rempli d’exemples concrets présentés avec grande clarté, son livre discute les limites du marché. Il montre comment en trente ans nous sommes insensiblement passé d’une « Market economy » à une « Market society »: Que veut dire mettre des organes sur le marché? Payer des gens (des SDF ou retraités) pour faire la queue à sa place pour avoir des billets pour des concerts à prix réduits? etc. etc. Bref, la question des valeurs en lesquelles une société croit ou pas est décisive et on ne peut laisser au seul marché le soin d’arbitrer certaines choses: certes nous savons qu’un prix Nobel ne s’achète pas, que – normalement – des votes ne s’achètent pas (mais en laissant des lobbys dépenser des milliards pour influencer les électeurs que fait-on?). Il est important que, comme citoyens, nous continuons à avoir des débats de fond sur ce que signifie une vie bonne. Nous ne pouvons simplement laisser le marché décider à notre place. Il conclut: « Ainsi à la fin la question du marché est réellement la question de comment nous voulons vivre ensemble. Voulons-nous une société où tout soit en vente? Ou y a-t-il des biens moraux et civiques que les marchés n’honorent pas et que l’argent ne peut acheter ». Un livre limpide, raisonnable, convaincant et accessible.