Dans ce petit livre très personnel et tout simple, Delphine Horvilleur nous livre son expérience de rabbin accompagnant les endeuillés, préparant des funérailles. Si elle présente les rites juifs du deuil, elle montre surtout la dimension humaine de ce moment de passage, pour ceux qui s’approchent de la mort en le sachant comme pour les membres de la famille affrontés à ce choc auquel rien au fond ne prépare comme elle le dit bien. En plusieurs lieux, je me suis dit que mon expérience rejoignant la sienne (même si chacune est unique bien sûr). Toute la première partie est dominée par la place de la shoah et il y a là une expérience unique (merci Mana de m’avoir appris certaines choses que j’ai retrouvées dans le livre). J’aime cette notation: » accompagner les endeuillés, non pas pour leur apprendre quelque chose qu’ils ne savaient déjà, mais pour leur traduire ce qu’ils vous ont dit, afin qu’ils puissent l’entendre à leur tour » (80). Je rejoins son constat sur » la vacuité des mots et la maladresse de ceux qui les prononcent » (109) et que ce sont parfois les endeuillés qui trouvent mieux leurs mots que leurs consolateurs impuissants. La fin du récit change un peu de nature en revenant sur son expérience personnelle de l’assassinat de Y. Rabin – elle l’écoutait elle-même quelques minutes avant – et sur sa décision de quitter Israël lié à son refus du dévoiement du » messianique » ici associé, et cela se comprend, à la violence…. Mais, grâce à Dieu, le messianisme peut être radicalement associé à la non violence comme la vie de Jésus l’a révélée. Un livre très humain, très bien écrit, salutaire et vrai.