Petite fille de François Mauriac, Anne W. a construit au fil des années une oeuvre originale où la relecture de l’expérience personnelle prend une grande place. Il y a une part de fiction et une part d’invention dans ses récits où différentes facettes du passé familial (la Russie, les parents) ou personnel (la propriété de famille près de Bordeaux, le mariage avec J.L. Godard) sont explorées tout à tour. Dans ce court témoignage, Anne W. rend hommage à un prêtre, le père Marcel Deau, un vendéen modeste, de la congrégation des Fils de Marie Immaculée, qui fut son professeur de français à Caracas alors qu’elle avait entre 12 et 14 ans. Il l’avait encouragé à écrire et avait beaucoup discuté avec elle, fabriquant ensemble un journal scolaire. Ils se retrouveront 25 ans plus tard et poursuivront des échanges, essentiellement épistolaires, jusqu’à sa mort survenue en 2006. La personnalité juvénile, gaie, enthousiaste, de ce prêtre bon et simple irrigue ces pages. Par certains côtés, le père Deau n’est pas sans faire penser au Père Morin de Beatrix Beck. Ses origines très modestes, son rire, son goût de la culture et des livres, le côté à la fois naturel et enraciné de sa foi. C’est une belle oeuvre de pietas et de reconnaissance qu’a écrit Anne W.