Un film de Nanni Moretti avec Margherita Buy, Elena Lietti, Nanni Moretti, Alba Rohrwacher, Alessandro Sperduti, Riccardo Scamarcio, Denise Tantucci, d’après le roman d’Eshkol Nevo. Nous y suivons, en trois périodes séparées de 5 ans, les vies entrelacées de différentes familles habitant le même immeuble romain du Lungotevere. Des événements se produisent – hasard ou quelque chose d’autre? – qui vont bouleverser des vies italiennes (européennes?), humaines, ordinaires. Point besoin d’en dire plus car il faut découvrir peu à peu, au fil du récit, ce qui peut (a pu?) se produire. Les Inrockuptibles décrivent ainsi, plutôt finement, ce qu’effectue Moretti: « Il ne raconte qu’un mouvement qu’il étudie et décortique tel un chirurgien muni de son bistouri. Celui des transmissions (morales, biologiques) d’une génération à une autre et la façon dont la progéniture reproduit les schémas de ses ancêtres ou les court-circuite ». Le bibliste, quant à lui, partira de deux versets: celui de l’Exode: « il punit les fautes des pères sur les fils sur trois et quatre générations » (cf. Ex 20,6) et celui de Jérémie: « En ces jours-là, on ne dira plus: ‘Les pères ont mangé du raisin vert, et les dents des fils en sont irritées’. Mais chacun mourra pour sa propre faute » (Jr 31,29-30a). C’est un mélodrame sans doute, mais d’une profonde humanité. Tous les grands thèmes y sont – la fraternité, la parentalité (dans ses deux ‘versions’, maternelle et paternelle), l’amour et la séduction, le poids de l’âge et de la maladie mentale, la question du pardon et du soupçon social. Magistral. Margherita Buy y est, une fois encore encore, rayonnante et exceptionnelle.