Une série (Netflix) de Anna Winger et Daniel Hendler avec Gillian Jacobs, Lucas Englander, Cory Michael Smith, Corey Stoll. L’idée est séduisante: raconter la vie au quotidien d’un improbable réseau d’aide aux réfugiés, surtout juifs mais pas que, fuyant les nazis, à Marseille en 1940-1941. Le tout est centré sur un couple également improbable: Mary Jayne Gold, une riche héritière américaine et Vivian Fry, un journaliste américain en charge du Emergency Rescue Committee. Les obstacles sont nombreux, les risques énormes, l’amateurisme permanent et pourtant c’est avec un immense courage que ces personnes, devenues ‘justes parmi les nations’ (dans le cas de Fry). Mary-Jayne Gold loue la villa Air-Bel et y héberge des gens tels que « Max Ernst, André Breton, Hannah Arendt, Marc Chagall, Lion Feuchtwanger, les fils de Thomas Mann, Alma Mahler, Anna Seghers, Arthur Koestler ». On y voit ces artistes continuer à l’être, avec leur folie et leur créativité, demeurant des hommes et non de simples fugitifs. Il y a un côté kitsch et romantique assumé dans le traitement de cette tranche d’histoire. Il y a eu un louable effort de reconstituer le Marseille de l’époque (ce qui n’est vraiment pas facile, vus les changements advenus dans la ville) et par exemple le pont transbordeur qui dominait la sortie du vieux port. Cela m’a touché de voir une vue de la ville que mon père a connu dans son enfance. La série n’est pas géniale, loin de là et l’on ressent le lourd poids du biais idéologique de Netflix (sur le genre) mais c’est bien l’humanité qui l’emporte… Il est heureux d’honorer ces personnes qui ont risqué leur vie pour des inconnus, des frères et sœurs en humanité…