Un film de Asghar Farhadi avec Javier Bardem, Penélope Cruz, Bárbara Lennie, Ricardo Darín, Inma Cuesta, Eduard Fernández, Sara Sálamo, Carla Campra et Javier Cámara. Une femme revient dans son village des environs de Ségovie, avec ses deux enfants, auprès de sa famille quittée voici seize ans (même si elle a fait quelques visites dans l’intervalle), pour assister à des noces. La fête est belle et la caméra rend magnifiquement ce moment magique de bonheur familial, de joie partagée, dans une Espagne de rêve. Mais la fille est enlevée. Commence alors la partie angoissée où se révèlent peu à peu des secrets de famille. Ce n’est pas tant leur contenu qui est en question que la façon dont ils vont être communiqués qui importent (comme la reconnaissance, l’anagnorisis, dans les évangiles où nous savons dès le début qui est Jésus. Farhadi filme avec luxuriance et empathie aussi bien la joie sans mélange que l’angoisse la plus nue. Les acteurs sont excellents avec mention spéciale à Penélope Cruz rayonnante et crédible. Amour, argent, jalousies, silences, tout ce qui peut délier une famille pourtant unie (cf. le « ce qui nous lie » de l’an dernier) se dévoile peu à peu. Oui c’est parfois pesant… Mais la vie aussi peut l’être. Bref, puissamment dramatique et profondément humain. La première dimension pourra en agacer certains – pas moi car un bon drame permet une bonne catharsis – mais la seconde ne peut que toucher.