Cet étonnant roman historique est un tour de force même si c’est sa virtuosité langagière même qui en rend la lecture difficile. Après beaucoup de recherches, l’auteur a voulu rendre compte, avec rigueur et poésie à la fois, de l’Angleterre des premiers mois de 1348. Des nouvelles confuses sont déjà parvenues des ravages de la mort noire en Europe continentale mais beaucoup se refusent à y accorder crédit en y voyant un bobard clérical pour rapprocher les gens de Dieu. Croire que plus de la moitié de la population puisse mourir en quelques mois voire semaines voire même, dans certains villages, jours, dépassent l’entendement. L’auteur suit un ensemble, suffisamment réduit cependant, de personnes, hommes et femmes, dans leur descente vers le sud du pays. Une jeune femme rêvant d’amour chevaleresque et voulant retrouver son chevalier servant, un jeune paysan désigné par son seigneur comme devant être archer à Calais et une bande d’anciens soldats, vrais brigands, en route vers la même ville. Ce qui est remarquable, c’est l’effort de nous plonger dans la manière de penser et parler de l’époque sans faire du contexte historique un seul décor. Du coup, les représentations religieuses souvent incomprises ou rendues de façon anachronique dans d’autres romans consacrés au Moyen-Age, sont ici très bien saisies. Un roman puissant avec une atmosphère crédible même si le niveau d’anglais met parfois en échec jusqu’à l’Oxford Dictionnary !