Un film de Ken Loach, avec Dave Turner, Ebla Mari, Claire Rodgerson, Trevor Fox (2023). Des réfugiés syriens débarquent d’un bus dans une région très pauvre du nord est de l’Angleterre. Les habitants n’aiment pas cette présence eux qui se sentent si délaissés. Pourtant, peu à peu, TJ, le proprio du seul pub du village, un veuf solitaire, se lie avec Yara, une des jeunes syriennes: celle-ci, photographe amateur, parlant déjà bien anglais et sans voile, est une femme forte qui a une idée pour faire revivre le pub et susciter la communion entre tous les habitants, anciens et nouveaux (via le repas: « Those who eat together, stick together »). Mais réussiront-ils à désarmer malveillance et sentiments anti-migrants? C’est un Loach vintage, humaniste et généreux. Certes, on le voit venir de loin mais l’alchimie fonctionne et il met remarquablement en scène la ‘solidarité des ébranlés’, entre ces populations qui, d’une manière si différente, se sentent perdues: les uns ont perdu ce qui faisait leur fierté d’ouvriers et leurs liens de solidarité (leur communauté est minée par l’alcoolisme, le divorce et l’absence de foi) et les autres sont déracinés du pays de leur racine, transplantés dans un pays, une langue et un climat lointain (minés par le souvenir de ceux qui sont restés au pays et incertains de leur sort). Comme le dit Yara à un moment, dans une phrase toute ratzingérienne: « it takes faith to hope ». La peine peut enfermer mais elle peut aussi mettre en communion et lorsque l’on rencontre des êtres humains, un avenir, fût-il modeste, est possible.