[Les Mandible : Une famille, 2029-2047] Ce n’est pas exactement un roman post-apocalyptique mais cela y ressemble fortement. Nous suivons les vicissitudes d’une famille américaine new-yorkaise, les Mandible, entre 2029 et 2047, alors que peu à peu le monde que nous connaissons part en quenouille. L’auteur décrit avec férocité l’inconscience des babyboomers et de nombreux traits de la société nord-américaine (les SUV, la folie du crédit, etc.). Il y a de nombreuses trouvailles dans le livre et un style mordant et efficace. Néanmoins, il y a aussi des faiblesses. Je n’en mentionne que quelques unes. Pour ce qui est du scénario, il y a une insistance, excessive à mes yeux, sur la crise financière et monétaire et une nette sous évaluation des aspects écologiques (et strictement politiques) de la crise. La partie 2029-2032 est hypertrophiée par rapport à celle de 2047 qui fait office d’appendice vite fait. L’auteur semble parfois proche, involontairement je pense, de thèmes proches de l’alt-right américaine, surestime de façon invraisemblable la « menace » que ferait peser l’espagnol (et la démographie de la communauté humaine qui porte cette langue, quelque peu caricaturée) sur l’anglais aux USA. La dimension spirituelle est quasiment absente. Parfois, on a l’impression que sa thèse sur la dette américaine et la dévaluation du dollar – c’est sa crise liée à l’émergence d’une nouvelle monnaie d’échange internationale poussée par la Chine qui est à l’origine de l’effondrement – l’emporte au détriment du récit et du romanesque d’où un côté donneur de leçons indirect assez agaçant. Cela dit, la performance est impressionnante et la réflexion sur la survie dans un monde de pénurie et de violence donne à penser. Bref, à lire pour les amateurs de post-ap qui ne craigne pas les sermons sur la monnaie!