Un film de Florian Zeller avec Anthony Hopkins, Olivia Colman, Rufus Sewell, Imogen Poots, Olivia Williams (2021). Adapté d’une pièce de théâtre écrite par le réalisateur, ce film est superbement interprété par tous les acteurs à commencer par le remarquable A. Hopkins (Oscar du meilleur acteur 2021). Il essaie de rendre compte de la désorientation d’une personne âgée, un père, souffrant d’un Alzheimer qui s’aggrave. On voit sa fille aimante faire tout ce qu’elle peut pour s’en occuper. Tous les sentiments et relations qu’une telle situation, si commune de nos jours, peut susciter sont abordés: la culpabilité de l’enfant, le désir de parler à quelqu’un qui oublie aussi vite qu’il a entendu, le fait de voir ressortir au grand jour des affections que l’on tait ordinairement – ici le fait que ce père aimait davantage sa deuxième fille peintre – la place difficile de l’époux qui voit sa femme s’épuiser et ne veut pas apparaître comme le conjoint insensible et sans cœur, la tâche ingrate des aides-soignantes qui subissent des sautes d’humeur qui, sans les viser directement, sont néanmoins très pénibles à vivre, et le progressif retour à l’enfance d’un homme dont on devine qu’il a eu une vie bien remplie et un intellect affuté. La force du dispositif choisi est de nous désorienter en nous faisant comme participer nous-mêmes à la désorientation du vieillard: nous luttons nous aussi pour essayer de comprendre qui est qui. L’autre grande vertu du film est qu’il n’en rajoute pas, ne surjoue pas l’émotion qui, par moments, nous saisit: la réalisation est sobre, quasi clinique, ce qui n’en rend in fine le propos que plus fort. D’une très grande humanité, un film de haute tenue porté par un casting stellaire.