Une série (Netflix) en six épisodes de Julian Fellowes avec Edward Holcroft, Kevin Guthrie, Charlotte Hope, Niamh Walsh, Craig Parkinson, James Harkness (2020). Nous voilà en 1879 et le football à peine né va connaître une évolution importante. Il était jusque là le privilège des classes supérieures et de leurs collèges comme Eton mais les ouvriers vont s’y mettre. Le propriétaire d’un moulin du nord a lancé son équipe et a fait venir deux pépites écossaises: ils vont affronter les champions aristocratiques d’Eton. Certes la série nous parle de l’évolution du jeu (la naissance de la passe pour contourner les blocs défensifs, les évolutions du drible et des tacles) mais surtout elle nous décrit une Angleterre corsetée par ses classes sociales où un fossé profond oppose une classe ouvrière de prolétaires exploités aspirant à la dignité et à la reconnaissance face à une classe possédante engoncée dans ses privilèges. Il faut toujours se rappeler que le Royaume Uni n’a pas eu son 1789 et que le 19ème y fut le siècle sans doute le plus injuste et dur de son histoire (plus dur même qu’au Moyen-âge comme le disent certains historiens aujourd’hui). La série nous parle d’hommes et de femmes avec leurs aspirations, leurs désirs personnels (en particulier d’enfant, traité avec délicatesse) et leurs espérances, notamment la nature des relations conjugales dans l’Angleterre victorienne (il y a un beau traitement de l’évolution du couple Kinnaird). Elle nous raconte comment ce sport, comme tout sport mais plus encore que d’autres, révèle le meilleur (solidarité, dignité, sacrifice, espérance, etc.) et le pire (argent, jalousie, égoïsme) en chaque personne. Le travail de reconstitution est soigné, le scénario de Julian Fellowes (scénariste de Gosford Park et de la série Downton Abbey) bien conçu (s’inspirant de faits réels mais n’hésitant pas à recourir à la fiction pour l’efficacité de l’intrigue) et l’ensemble convaincant (comme toujours pour les séries, il faut distinguer le niveau de chaque épisode et il est difficile de noter une notre globale; là je dirais: 4,3+3,5+2,6+2,7+ 3,2+4,1 soit 3,5 env.).