[Ritualen] Une nouvelle fois, Byung Chul Han trouve des mots d’une extrême justesse pour parler de notre moment présent de l’être occidental (mais pas que) aujourd’hui. On aurait envie de souligner chaque phrase tant elles sonnent juste. Il montre de façon convaincante combien l’être humain a besoin de rituels pour se poser dans le monde et dans l’être de façon juste et que notre société souffre de la disparition des rituels et de son solipsisme narcissique. Il relève par exemple dans un exemple, le seul, pris au rite chrétien (catholique): « Ritual practices ensure that we treat not only other people but also things in beautiful ways, that there is an affinity between us and other people as well as things: Mass teaches the priests to handle things in beautiful ways: the gentle holding of the chalice and the Host, the slow cleaning of the receptacles, the turning of the book’s pages. And the result of the beautiful handling of things: a spirit-lifting gaiety » (emp 173). En une phrase: « Rituals and ceremonies are the genuinely human acts which allow life to appear to be an enchanting, celebratory affair » (515): il parle bien sûr su shabbat et du silence de belle manière. Il a ses formules percutantes: « Every religious practice is an exercise in attention » et « Attention is the natural prayer of the soul. Today, the soul does not pray. It is permanently producing itself » (225-26). Comme toujours il revient sur les thèmes des précédents ouvrages : par exemple sur le burn-out et la dépression comme symptômes de nos problèmes: « The narcissistic subject of performance breaks apart because of a fatal accumulation of ego-libido. It exploits itself voluntarily and passionately until it breaks down. It optimizes itself to death. Its failing is called depression or burnout » ou encore « Today, narcissistic disorders are on the rise because we are increasingly losing the ability to conduct social interactions outside the boundaries of the self. The narcissistic homo psychologicus is captivated by itself, caught in an intricate inwardness. What results is a poverty in world, with the self simply circling around itself. Thus, homo psychologicus falls into a depression », et sur la critique du modèle néolibéral dominant. Bref, il me semble que c’est un ouvrage absolument capital pour comprendre ce qui se passe dans nos sociétés et qui en dresse un portrait très pertinent. Il désigne aussi justement ce dont nous avons besoin pour vivre mieux collectivement et individuellement. Sans jamais être moralisateur ou surplombant, il esquisse un horizon, une direction vers laquelle marcher.