Ce livre est bien meilleur que son titre et son sous-titre ne le laissent penser de prime abord. Ils sont doublement inexacts : ils incitent d’une part à penser qu’il s’agit d’une présentation grand public du Talmud, or le contenu même de celui-ci n’est quasiment jamais abordé, et laissent miroiter d’autre part on ne sait quels secrets enfin dévoilés, grâce à une enquête à la Dan Brown. Rien de tel. Il s’agit en réalité d’un reportage dans le monde juif orthodoxe de Jérusalem à New York, de Londres à Venise, où P.H. Salfati (qui vient lui-même du monde des yeshivot) met en valeur le caractère central du Talmud pour la permanence de l’identité juive depuis deux millénaires. Il explique par quels moyens il a accompagné la diaspora au long des siècles. Si l’on n’apprend rien de neuf sur son contenu, on découvrira en revanche une galerie de portraits étonnants et de non moins étonnants récits. Comment un protestant allemand vint à Venise imprimer le Talmud pour la première fois. Comment Henri VIII chercha à utiliser le Talmud pour contrer le pape dans ses conflits conjugaux, ou comment fut imprimé après 1945 le Talmud dit «des survivants». Un livre de rencontres où toute la ferveur religieuse et l’intelligence dialectique des maîtres talmudiques éclatent avec bonheur. Après ce parcours historique, on aimerait savoir comment les rabbins adaptent le Talmud à la nouvelle réalité israélienne. Une ultime curiosité pointe : que fait donc aujourd’hui l’auteur ? Pourquoi a-t-il quitté ce monde dont il a montré la richesse de sa tradition religieuse ?
Recension parue dans la revue Etudes en 2009