Après six ans d’absence, nous retrouvons ce personnage si attachant et original qu’est Adamsberg. Le voilà en Bretagne du côté de Combourg. Et comme souvent, meurtres bien réels et histoires anciennes se combinent de mystérieuse façon. C’est par son style, à la fois reconnaissable et déroutant, que Vargas marque et l’on aime retrouver cette étrange musique. Le flou, les lenteurs, les invraisemblances (colossales), sont peu de choses face au charme d’une personnalité… Et il y a la joie de retrouver les comparses connus: au fond, c’est comme dans une série qu’on aime, on sait que le niveau a un peu baissé mais l’on aime retrouver des personnages devenus des connaissances pour ainsi dire personnelles. Alors la famille des ‘amis’ d’Adamsberg fête les retrouvailles sans prêter trop attention à un récit typiquement vargasien et peu réaliste.
Deux petites remarques, ‘ethnique’ d’abord, ‘métaphysique’ ensuite. Je ne sais pas trop comment des bretons réagiront à une image aussi riche en clichés (pour ne pas dire ‘pauvre en imagination des caractères’)… Tous les noms ou presque sont quintessentiellement bretons, dans un lieu, Combourg, qui n’est pas au cœur de la Bretagne bretonnante. Et il en va de même des objets (chouchen, dolmen, etc.) et du folklore. Ensuite, le paysage métaphysique de Vargas est vraiment intéressant à analyser: le fond d’Adamsberg est au fond assez néo-stoïcien tandis que les locaux sont superstitieux et archaïques: C’est la vision d’un monde païen des premiers siècles dans lequel l’empreinte ou la conviction chrétienne est absente (ou effacée). Cet écart par rapport au réel d’aujourd’hui transforme presque le récit en conte, comme plusieurs critiques l’ont relevé.