Un film de Ken Loach avec Kris Hitchen, Debbie Honeywood. Il y a quelque chose d’implacable dans la démonstration de Ken Loach et de touchant aussi, à voir la continuité de cet homme à dénoncer un système économique et social dur aux pauvres. Nous suivons, de façon quasi documentaire, la vie d’une famille modeste anglaise du Nord du pays (Manchester): le couple, uni, a deux enfants dont un fils adolescent plutôt doué mais qui s’ennuie au collège, aime à exprimer sa créativité par le graffiti avec une bande de trois copains et souffre de voir l’humiliation de son père. Celui-ci est employé par une nouvelle boite qui, sous prétexte de rendre les gens plus autonomes (ils sont « franchisés »!), les esclavagise d’autant plus. La façon dont ce rythme de travail met en crise le couple, pourtant vraiment solide (la femme est merveilleuse de résilience et de tendresse patiente) et la parentalité est montrée de façon rigoureuse. On note l’absence d’amis, de paroisse, de liens pouvant soutenir la cellule familiale dans ce moment rude. Bref, c’est aussi une illustration de ce qu’écrit C. Guilluy sur les nouvelles classes populaires occidentales, ayant perdu leurs jobs et leurs dignités, devant galérer pour tenir bon dans un système qui les broie (et les endette et les fragilise dans leurs liens essentiels alors que le couple est déjà fortement fragilisé pour d’autres raisons). La dignité, le lien, c’est au moins aussi important que le salaire en sterlings… Ce film n’est pas commercial, n’est ni glamour ni hollywoodien pour deux sous mais il présente des êtres humains dignes et courageux et, ce faisant, nous dynamise…
« Sorry we missed you » – Carmel Saint Joseph
[…] Plusieurs lectures ont été faites de ce film. Nous en retenons, comme ouvertures, et à titre d’exemples, deux : http://www.marcrastoin.fr/sorry-we-missed-you/ et https://www.alternatives-economiques.fr/ken-loach-faut-sattaquer-aux-bases-memes-marche-libre/00090410 […]