[Tous sauf moi en français] Troisième roman de Francesca Melandri, ce livre nous plonge dans l’aventure coloniale italienne en Ethiopie (1936-1941, pour les oublieux), une des pires abominations de la colonisation, tout en nous parlant aussi des années Berlusconi et de l’Italie d’aujourd’hui. Un vieil homme se meurt dans un EPHAD et a perdu la tête. Voilà que débarque chez sa fille Ilaria, dans le quartier romain de l’Esquilin, après des années d’épreuve, un jeune éthiopien qui dit être le petit-fils de cet homme. Est-ce possible? A-t-il pu taire cela pendant tant d’années? Le livre mêle les deux époques et nous entraîne dans sa narration à la fois précise et psychologiquement très juste. L’auteur s’est énormément documenté et l’unique petit défaut du livre est peut-être, parfois, son excès de didactisme. Cependant l’ensemble demeure une oeuvre puissante qui dit beaucoup de l’Europe d’aujourd’hui, des murs (honteux et qui plus est inutiles) qu’elle veut dresser et aussi de ses amnésies coloniales (celle de l’Italie étant particulièrement forte il est vrai). A ne pas manquer.