C’est un livre dense, extrêmement complet, où une vie d’études pauliniennes se donne à lire. Très au fait des différents chantiers dans le domaine des études pauliniennes (le rapport aux Actes, le positionnement par rapport à l’Empire romain, l’usage des Écritures, les parallèles avec le stoïcisme contemporain…), l’ouvrage aborde peu à peu tous les grands thèmes exégétiques et théologiques que suscite la lecture de Paul. De grands débats du xxe siècle sont évoqués (Käsemann/Bultmann) tout comme la question des différents « corps du Christ » dans la théologie médiévale. Les philosophes contemporains ayant lu Paul : Badiou, Agamben, Taubes, Breton, sont finement présentés. L’angle retenu pour unifier le parcours est la question de la métamorphose, la façon dont Paul parle du corps et de ses transformations. Il y a une dynamique paulinienne, et c’est une pensée du mouvement et de la transformation. Concédons que le vocabulaire sémiotique ou très spécialisé pourra légitimement surprendre. En outre, certaines notes de type académique ralentissent quelque peu le propos et un lecteur non spécialiste gagnera à les sauter. Toutefois, l’ordonnancement du propos est clair et les reprises en fin de chapitre sont très pédagogiques. Bref, il s’agit d’une somme, le fruit d’un long séjour dans les lettres de Paul, qui séduira par l’originalité informée de son approche mais pourra rebuter par sa grande technicité à certains endroits et l’ampleur des champs couverts.
Recension parue dans la revue Etudes en 2011