Roman d’une telle force et authenticité que l’on se demande presque si il n’y aurait pas une part d’autobiographie! Dans un coin reculé des Cévennes, un couple et une famille unie vit au rythme de la nature et de la vie rurale. Mais voilà que survient un enfant handicapé. Le frère aîné solaire, fier et sportif et la sœur cadette joyeuse et bavarde vont réagir de façon extrêmement différente à ce nouveau frère si différent. Rien de facile ici, la vie est dure tant pour les parents que pour les frère et sœur, l’humanité s’y révèle dans sa complexité. Mais on y rencontre beaucoup d’amour. Et un très beau couple parental. Un roman d’une grande puissance et humanité, hommage à la résilience, au chemin que peut prendre la réconciliation avec soi et avec sa famille. L’écriture, vive et précise, est très poétique.
Pour donner un exemple: « c’était un langage des sens, de l’infime, une science du silence, quelque chose qu’on n’enseignait nulle part ailleurs. A enfant hors norme, savoir hors norme, pensait l’aîné. Cet être n’apprendrait jamais rien et, de fait, c’est lui qui apprenait aux autres. » (32) ou « Dira-t-on un jour l’agilité que développent ceux que la vie malmène, leur talent à trouver chaque fois un nouvel équilibre, dira-t-on les funambules que sont les réprouvés? » (113) ou « elle parlait de ce garçon… qui l’avait attendue, comprise, réparée, on peut aimer sans avoir peur de perdre, il ne faut pas vivre les poings serrés, dans l’attente du danger, disait-elle, voilà ce que cet amour m’apprend » (148).