J’avais été marqué comme tant d’autres par son maître livre: Biblical Interpretation in Ancient Israel. Ayant reçu le conseil de découvrir cet ouvrage plus récent et d’un tout autre style, mon impression est étrangement partagée. La plume est superbe et le propos spirituellement très équilibré et juste. Il s’agit d’une sorte d’essai de théologie du judaïsme. Même si le mot ne correspond pas à la façon dont fonctionne la tradition juive. Et c’est là où le bât blesse un peu en quelque sorte; j’ai eu l’impression que que l’approche, toute éclairante et juste qu’elle soit, était assez ‘occidentale’ et davantage écrite pour des chrétiens que pour des juifs. La première moitié me semble quasi bultmanienne, très centrée sur l’individu et ses ‘besoins religieux’ et ne pas assez prendre en compte la dimension de service communautaire de la théologie… La question du passage de Moïse au judaïsme, semble ne jamais être discutée, c’est-à-dire le passage de l’ancien Israël au judaïsme ( la Torah orale n’est pas consubstantielle au mont Sinaï) de même sa description de Moïse est très philosophique et existentialiste en un sens mais sans que la nature fictive, si ce n’est du nom du personnage, ne soit abordée. Il souligne l’adaptabilité de la Torah et sa permanente ‘refabrication’ mais néglige de relever que la mise par écrit de la tradition orale la fige à son tour d’autant que rien ne peut maintenant y être ajouté au même niveau d’autorité… Cette question capitale de l’immobilisation du moment oral n’est pas vraiment abordée ce qui fragilise la démonstration. Ce livre demanderait néanmoins plus de développements et offre ample matière à discussion. Je ne présente ici qu’une brève impression…