Dans cette conférence, François Jullien, célèbre sinologue, propose sa lecture de l’Evangile de Jean, ou de quelques distinctions de l’évangile de Jean. Le coeur en est que Jean distingue entre la vie toute simple, bios, de la vie essentielle, zoé. Il s’agit pour celui qui entre dans la logique de l’évangile de vivre vraiment. « Comment puis-je ne pas en rester au vital – étale – de mon être-en-vie, mais déployer la vie en moi, dans son essor, jaillissante et surabondante, c’est-à-dire source de vie? » (58). Ou encore « ne pas se contenter d’être en vie, mais chercher à rejoindre, au sein même de sa vie, avec toujours plus d’exigence, ce qui ‘fait vivre' » (68) ou encore « l’intelligence de Jean – d’où vient une ressource essentielle du christianisme – est de comprendre que Dieu coïncidant avec lui-même serait un Dieu mort. Mais c’est au contraire, en dé-coïncidant de lui-même qu’il est vie vivante et faisant vivre » (74). Ce faisant, bien qu’explicitement non croyant, l’auteur essaye de dire qu’il y a une ressource de pensée suggestive encore pertinente aujourd’hui dans ce texte chrétien. Sa lecture n’est pas sans faire penser à celle d’un Agamben (sur l’événement) ou d’un Michel Henry (pour sa lecture de Jean) d’ailleurs cité. Certaines formulations sont particulièrement justes et on lui sait gré de nous ouvrir un regard profond sur l’évangile de Jean. La démonstration cependant gagnerait à s’appuyer sur un peu plus de textes (et sans exclure les synoptiques).