Dans ce court essai, tranchant et intelligent, l’auteur revisite la fin de la république romaine et le début de l’empire en montrant comment la lutte entre les « élites » (les optimates) et les « populistes » (les populares) a, malgré de grandes différences sociales et mentales avec aujourd’hui, plus de points communs avec la situation actuelle que l’on ne pourrait penser. L’exacerbation des inégalités (favorisée par l’enrichissement des marchands dû à l’accroissement de la domination de Rome sur la Méditerranée) et l’aveuglement des élites conservatrices suscitent la colère des milieux populaires qui se sentent floués et des hommes presque toujours issus des milieux privilégiés comme les Gracques ou César (cf. Johnson, Trump, etc.) surfent habilement sur la vague en proposant des mesures spectaculaires de redistribution des profits. L’issue du conflit à Rome est connue: ce fut la fin de la république et l’avènement d’un régime autocratique sachant flatter le peuple et abaisser les élites anciennes (le sénat): en sera-t-il demain ainsi dans le monde? La question mérite d’être posée et le livre est très stimulant (il est en outre modéré dans le ton et bien écrit).