James Ellroy, l’auteur légendaire du Dahlia noir et de LA confidential, se lance dans une nouvelle trilogie. Perfidia est le premier volet, centré sur la vie de nombreux personnages: certains sont déjà connus par les livres précédents mais à un moment ultérieur de leur vie, d’autres sont nouveaux comme le flic scientifique Hideo Ashida. C’est toujours aussi noir: noir de noir. Ma réticence ne vient pas de là mais dans une sorte d’exhaustivité de détails qui finit par être pesante: nous suivons tous les personnages heure par heure dans les jours qui suivent immédiatement Pearl Harbor (d’où la question récurrente du traitement des nisei, les nippo-américains et plus largement du racisme de la société américaine). On sent un énorme travail de documentation pour que tout soit le plus réaliste possible. Pourtant cela se heurte à deux limites: d’une part certains dialogues apparaissent fortement improbables dans le contexte de l’époque et par ailleurs cette abondance de détails ne permet de suivre avec clarté le fil rouge de l’enquête. Sans doute le but est-il en partie de paumer le lecteur, de le submerger, de le plonger dans la fange du LAPD, mais ce choix (de ne pas choisir) handicape la lecture.
LIVRE – 2016 – Éditeur : Rivages/Noir