Une pièce de Jean Anouilh, mise en scène par Thierry Harcourt, avec Maxime d’Aboville, Adel Djemai, Francis Lombrail, Adrien Melin, Etienne Ménard, Adina Cartianu, Clara Huet et Sybille Montagne. Cette pièce fut écrite en 1956 (avec Michel Bouquet) et décrit un dîner dans une ville de province où un groupe de notables plutôt aristocrates, veut se venger, sous l’initiative de l’un d’entre eux, du substitut du procureur de la ville, un certain Bitos, un enfant du pays – et du peuple – connu pour avoir fait condamner à mort certains collaborateurs en 45 et plus largement pour sa rigidité. Nous sommes donc entre deux époques: la reconstitution de la révolution – car ce ‘dîner de têtes’ où chacun doit jouer un rôle historique est situé juste avant la mort de Danton et Bitos doit ‘incarner’ Robespierre – et la révélation progressive du passé des participants. Cela permet à Anouilh de procéder à une vraie critique de la Révolution et de sa violence, bien dans l’esprit de Edmund Burke (ces gens qui disent aimer l’humanité mais se révèlent ne pas aimer les humains réels et sont prêts à en supprimer beaucoup au nom de leurs idéaux). Certes, le fond est cruel mais l’on rit aussi tant certains répliques sont bien tournées. Réécrite par deux des acteurs dont Maxime, et rendue ainsi plus courte et plus dense, la pièce est d’une grande efficacité, d’autant plus que les acteurs sont excellents à commencer par Maxime d’Aboville (bien secondé par Danton et Saint Just).