Un film de Sanjay Leela Bhansali avec Deepika Padukone, Shahid Kapoor et Ranveer Singh. Très librement inspiré d’un écrit épique du début du 16-me siècle (Padmavat de Malik Muhammad Jayasi de 1540), se basant lui-même lâchement sur un épisode historique survenu en 1303, le siège de la ville hindoue rajpoute de Chittor par le Sultan musulman de Delhi, Alauddin Khalji, ce drame bollywoodien, film le plus cher de l’histoire indienne, est une manière de dire au monde (et notamment à la Chine): ‘we can do it’. Magnifiant des épisodes semi-légendaires du passé, à grands renforts de décors superbes, de chorégraphies massives et de couleurs sublimes, on chante le passé pour mieux renforcer l’identité ‘nationale’ et le futur radieux de l’Inde. Assumant sans complexes une idéologie nationaliste exaltant la résistance et les valeurs de l’Inde éternelle (comprenez hindoue), un patriarcalisme strict confinant les femmes au Harem (quel dommage que l’actrice, ravissante, porte presque toujours un gros anneau d’or sur un côté du nez!) même si leur courage égale celui des hommes mais se déploie dans la ruse et l’honneur (à la façon d’une reine Esther) et une vision ultra-caricaturale du sultan musulman (qui se moque d’ailleurs ouvertement de la religion musulmane ce qui est un comble) et de ses hommes, ce film (un peu long tout de même) est un divertissement pyrotechnique flamboyant qui comporte quelques beaux morceaux de bravoure. Version hindoue à la fois de Roncevaux (pour la défaite héroïque) et de Matsada (pour le Jauhar, le suicide plutôt que la honte de la captivité), le film doit être strictement cantonné à son esthétisme. On pourra légitimement avoir des réserves sur l’idéologie qui l’anime: l’Islam dominateur, cruel, impie et barbare, doit être affronté sans relâche (plusieurs journalistes indiens ont dénoncé cet aspect comme, par exemple, Suparna Sharma le 28 janvier 2018 dans le Deccan Chronicle: « Padmaavat is offensively chauvinistic, blatantly right-wing, and quite unabashedly anti-Muslim »). Cela dit le super traître est l’unique brahmane du film! A voir (et relire) avec discernement donc…