Une série (Netflix) de Bill Dubuque, avec Jason Bateman, Laura Linney, Sofia Hublitz, Skylar Gaertner, Julia Garner, première de 10 épisodes (2017). Martin Byrde, dit ‘Marty’, est un conseiller financier très ordinaire qui vit avec sa femme, Wendy, et ses deux enfants, Charlotte et Jonah, à Chicago. Il va devoir déménager rapidement dans la région touristique du Lac Ozark dans le Missouri et chercher à sauver sa vie et celle de sa famille du cartel mexicain qui le menace. Pourquoi est-il menacé? La réponse est dans le début du premier épisode! Réussira-t-il à échapper? C’est toute la question! Tout en montrant la vie ordinaire aux USA, la série, parfois rude (certaines scènes sont très violentes) mais toujours originale, pose des questions morales difficiles. Le dernier épisode de la première saison finit de façon riche en rebondissements (en partie inattendus) mais il est aussi, assez logiquement (car d’autres saisons étaient en gestation) narrativement en partie insatisfaisant. Au-delà de l’intrigue de type thriller, il s’agit aussi, peut-être surtout, de l’autopsie d’un couple (et de la question du pardon) et de ce que l’on peut ou doit faire « pour sa famille » (ce qui est sûr, c’est que « things happen because human beings make decisions » comme dit Marty). Bien écrite et bien jouée – Laura Linney notamment est remarquable, comme toujours et je rejoins Tim Dowling du Guardian: « Laura Linney is, as ever, magnificent » -, mais tout le cast est très bon – la série tient vraiment la route. A suivre.
Saison 2. Elle reste très bien faite mais les péripéties se succèdent à la façon des montagnes russes. En fait, le caractère invraisemblable de nombreuses séquences d’événements apparait de façon plus nette que dans la saison 1, mais cela est compensé par le fait que nous nous sommes, naturellement, attachés aux personnages principaux: Marty et Wendy ne peuvent pas ne pas être en partie sympathiques, ce qui fait que leur survie nous tient à cœur… Ils ressemblent à des skieurs évitant des obstacles ou, pour rester sur le lac, à de petits canots naviguant au milieu de ‘mines flottantes’ dont on se demande sans cesse quand elles vont exploser (Cade, Mason, Darlene, Garrison, etc.). Au fond, ce qui reste c’est la relation conjugale Marty-Wendy et l’on a envie que, malgré tout, elle tienne bon.
Saison 3. Si les péripéties se succèdent, suscitant notre étonnement devant l’impuissance (pour ne pas dire l’incompétence!) du FBI (dont les talents en terme d’écoute semblent pour le moins faibles), la question du mariage de Wendy et de Marty devient de plus en plus centrale: le fossé se creuse entre les deux et l’on se demande comment leur relation va résister à la pression: Wendy a gagné en confiance et Marty reste d’abord un matheux à tendance mutique. Le récit central est moins unifié et l’ensemble apparaît donc davantage comme une suite de micro-intrigues alternées (laissant parfois quelques questions suspendues). Au plan des leviers d’action, le chantage est quasi permanent tout autant que le portable au niveau de la communication. Le personnage de Ruth attire une sympathie grandissante et paraît moralement plus défendable que ceux de ses patrons. Le choc à venir entre elle et Wendy s’annonce rude.
Saison 4, partie 1. Elle confirme l’excellent jeu d’acteurs tout comme mes lignes précédentes: peu à peu Ruth devient plus attachante que Wendy. Les péripéties se nouent autour du sort de Navarro car tout dépend de lui depuis le début. L’ensemble de voit volontiers portés que nous sommes par notre attachement aux personnages et la question des enfants, notamment de Jonah, devient aussi plus prégnante. Mais j’avoue que je peine à comprendre le pourquoi de la scène inaugurale pré-générique du premier épisode qui me paraît un méga spoiler inutile…
Partie 2. On reste dans la même ligne (avec une petit peu plus d’invraisemblances en plus, la question de Javi par exemple à Chicago). La fin conserve un élément d’ambiguïté qui est intéressant. Le thème de la crédibilité du mariage – et de l’amour entre Marty et Wendy – reste central, tout comme le fait que toute la série est, au fond, une immense réflexion sur la pertinence de la maxime « les pères ont mangé des raisins verts et les dents des fils en ont été agacées », refusée par Jérémie mais empiriquement assez solide…