« Courlande » m’avait positivement emballé, « Remonter la Marne » m’avait beaucoup plu. « Outre-Terre » m’a ému… La façon dont Jean-Paul Kauffmann écrit est proprement unique car ce livre – comme les précédents – n’appartient à aucun genre. Il mêle réflexion historique (ici sur le déroulé de la bataille d’Eylau en 1807), récit de voyage (car nous sommes sur place dans l’hiver de cette ancienne terre prussienne), méditation sur la condition humaine (et l’expérience de la blessure, de la perte, de la quête), chronique familiale (ce voyage est fait en famille avec sa femme et ses deux fils), interrogation sur le statut de la littérature (avec, par exemple, cette phrase juste : » Il y a la littérature. Certes. Est-elle suffisante pour surmonter les catastrophes ? Est-elle apte à rendre plus supportable les misères d’une existence ? Parfois elle le peut, mais je crois que soulager n’est pas son rôle. Ce n’est pas un traitement curatif. Par essence, elle est inconfortable. Elle agit ailleurs « ), et finalement – pour le lecteur qui s’y engage – un vrai parcours spirituel… je suis frappé qu’il cite St Jean de la Croix ou parle ainsi de certains de nos instants : » Un signe dans le ciel, une vérité intérieure, ne vont pas tarder à apparaître. Nous sommes dans l’attente. Un privilège va nous être octroyé. Mais ce don, nous pressentons qu’il ne dépend pas de nous. Ce bienfait, cette grâce, nous allons les recevoir des mains d’un autre « … Comment mieux parler de la grâce?
LIVRE – 18/02/2016 – Éditeur : Des Equateurs
Luc Pareydt
Je suis dedans et je me régale.