Un homme se souvient de ses parents décédés et leur rend hommage. Ce faisant, c’est toute l’atmosphère de l’Espagne modeste de son enfance aragonaise (dans les années 60/70) qui remonte à la surface. L’auteur, poète, a un sens certain de la prose sans que celle-ci soit en aucune manière grandiloquente ou affectée. Devenu alcoolique puis abstème depuis peu, divorcé récent accueillant ses deux garçons adolescents, le personnage principal est Manuel Villas, qui nous parle donc énormément de lui. Ce qui est très impressionnant, c’est l’athéisme profond, le matérialisme affiché, le paganisme quasi revendiqué (le culte du soleil et de la descendance charnelle), le pessimisme radical sur l’humanité qui habite l’auteur, au fond structurellement déprimé. Il mentionne au début Ste Thérèse d’Avila, dont il a enseigné quelques passages à ses élèves durant ses 24 ans comme prof de lettres, mais l’homme espagnol qu’il décrit – sans nullement se voir comme modèle c’est bien clair et même en relevant ses tendances dépressives et la relative originalité de l’a-spiritualisme complet de sa famille -, semble si loin de cette tradition catholique et de ce caractère espagnol qui ont eu pourtant leur grandeur. Comme si la période nationale-catholique dans laquelle il est né jetait son ombre sur toute l’histoire espagnole et le christianisme en tant que tel… La façon dont il rend hommage à ses parents et parle d’eux est, de fait, universelle et touchante mais sa posture métaphysique rend l’ensemble pénible, très sombre et très triste au fond.