Dans une petite ville tranquille du Maine vit un vieux couple ordinaire, Olive et Henry. Elle était professeur de mathématiques et crainte de ses élèves: il est pharmacien du bourg. Olive est une femme peu sympathique, franche mais rude, incapable de s’excuser, insatisfaite et qui ne vit que pour son fils. Lequel réussira difficilement à se marier et à la fuir. Dans la deuxième partie du livre, nous faisons connaissances avec d’autres gens ordinaires qui à un moment ou à un autre croisent la route d’Olive qui peu à peu s’efface du récit. La description de la vie quotidienne dans une petite ville américaine, l’analyse psychologique des personnages, la qualité et la finesse de l’écriture (Prix Pulitzer 2009) sont remarquables. cependant j’ai deux réserves: l’une narrative porte sur la déconstruction de l’histoire dans la seconde moitié du livre: le patchwork ne s’explique pas vraiment et la fin est abrupte et peu satisfaisante. Par ailleurs, si cette femme est crédible en personne qui ne réalise qu’après sa mort combien son mari, sociable, doux et gentil (et par ailleurs croyant pratiquant contrairement à elle) était finalement un soutien important pour elle, son côté humainement antipathique dessert l’ensemble. Cela dit, l’auteur parle remarquablement, via des monologues intérieurs, du couple, de la famille et des parents, notamment de la façon dont ils peuvent faire des rêves sur leurs enfants (et futurs petits-enfants) et négliger ainsi leur propre vie. Il y a de la tendresse, de la dureté aussi, bref de l’humanité. Mais un ‘vrai’ roman centré sur Olive m’aurait paru plus judicieux.