Recueil d’aphorismes touchant aux questions de la foi, de l’art et de la vie, en hommage déclaré à Emile Cioran, Edmond Jabès et Yves Bonnefoy (ces maîtres vrais qui ne veulent point de disciples serviles mais que d’autres deviennent auteurs à leur tour). C’est à quelque chose d’extrêmement délicat que s’est risqué Stéphane Barsacq tant il est difficile de parler sous cette forme ramassée, paradoxale souvent, et provocante parfois, de choses délicates sur lesquelles notre société préfère se taire quand elle ne cherche pas à les ridiculiser a priori. Oui il faut du courage et un grand bravo à l’auteur d’avoir eu cette audace sereine: on devine que la mort, approchée de près, l’a libéré de bien des peurs littéraires et l’a poussé à ne pas trembler de nous livrer ainsi son coeur. Certes, en fonction de la couleur de sa foi et de ses propres auteurs de prédilection, chaque lecteur consonera plus ou moins avec les différents aphorismes: personnellement, je les ai peu à peu divisés en trois groupes: ceux qui me rejoignent tout à fait (là où l’on se rapproche d’un Cioran, d’un Girard, d’une S Weil), ceux qui me sont parus plus anodins et ceux avec lesquels j’étais franchement en désaccord (le jugement sur les théologiens par exemple m’est, évidemment, paru trop cavalier) mais au fond cela n’ôte rien à la valeur d’un tel livre. Un croyant parle sans faux semblants et ouvre des espaces de respiration. Il est pleinement lui-même (plus musical, moins biblique que moi par exemple) et nous tire vers le haut, à cette altitude autant vers nous-même que vers Dieu. Une belle lecture spirituelle.