Mud m’avait enchanté et je connais la réputation de Take Shelter. Jeff Nichols est un auteur original et il sait raconter une histoire. La mise en scène est au cordeau et les acteurs vraiment bons (mention spécial à Michael Shannon). Bien que l’arrière-plan du film ne soit pas exactement de mon goût (les gadgets autour des extraterrestres, les rayons verts ou blancs, etc.), la force humaine du récit suffit, son enracinement anthropologique. Comme souvent avec Jeff Nichols, il s’agit du rapport parents/enfant dans un contexte hostile, menaçant et angoissant. On peut alors recevoir ce film comme une métaphore de la parentalité. Comment laisser son enfant partir°? Le film peut alors se lire à plusieurs niveaux. Le plus radical, c’est accepter la mort de son jeune enfant malade, l’accompagner jusqu’au bout, les deux parents se soutenant l’un l’autre (un peu à la Valérie Donzelli dans son magnifique La Guerre est déclarée). Le plus universel, c’est laisser son enfant être lui-même, suivre sa vocation, et ses rêves, même si on ne les comprend pas. Un court dialogue milieu du film traduit bien son cœur :
* Le fils : ‘You don’t have to worry about me anymore.
* Le père: ‘I will always worry for you’
C’est assez bien vu : être parents n’est-ce pas toujours se faire du souci pour son enfant, même et surtout quand on sait qu’on doit le laisser partir pour un destin qui nous dépasse ?