En 2001, Nanni Moretti nous avait offert le magnifique “la stanza del figlio’ qui nous serrait le coeur avec des parents devant vivre après la mort accidentelle de leur fils… Avec ‘Mia Madre’, nous accompagnons des enfants (et une petite fille) devant vivre avec la perspective de la mort, ‘naturelle’, de leur mère… Ce qui définit le mieux ce film, c’est l’humanité. Rien d’extraordinaire dans les évènements ou dans la mise en scène, mais nous sommes avec des frères et sœurs en humanité qui font de leur mieux pour prendre acte de la réalité. Si Nanni Moretti se refuse à toute perspective métaphysique ou religieuse, en cohérence avec ses précédents films, il nous touche par la justesse de son scénario. Les paroles sonnent justes. Il faut ajouter que ce film parle aussi de l’Italie, du départ de cette génération industrieuse, dure au mal, d’octogénaires issus de familles nombreuses, incarnée de façon si émouvante par Giulia Lazzarini. Professeur, ses élèves du lycée viennent la visiter trente ans après avoir quitté sa classe car elle n’enseignait pas que le latin mais elle apprenait à vivre…. C’est une femme qui part comme elle a vécu : bienveillante, souriante, non volendo dare fastidio, tournée vers les autres… Sa génération a été suivie d’une génération stressée, qui a souvent sacrifié sa vie personnelle et conjugale à sa vie professionnelle et qui se demande pourquoi le bonheur la fuit… Et, là, il faut dire une chose : Margherita Buy est ex-cep-tion-nelle. Il n’y a pas d’autre mot. Nanni s’efface devant elle et c’est un bonheur. On rit, on sourit, on pleure, on s’attache… Grazie di cuore, Nanni.
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FILM – 02/12/2015 – de Nanni Moretti avec Margherita Buy, John Turturro