Un film (Netflix) de Noah Baumbach avec Adam Driver et Scarlett Johansson. Il s’agit de la chronique ultra-réaliste et tendre d’une séparation entraînant un divorce dans les USA d’aujourd’hui. Il y a le père, metteur en scène passionné et doué, new-yorkais à fond, la mère, actrice de TV au départ puis de théâtre avec son mari, californienne de naissance et l’enfant, un garçon de huit ans qui aimerait tant que ses parents restent ensemble mais aiment les jouets… Le scénario est remarquablement écrit, presqu’à la façon d’une pièce de théâtre, avec quelques éléments comiques (le personnage de la grand-mère maternelle ou les allusions répétées à « l’espace » californien ainsi que les avocats à la fois sympas et barbares dans un monde judiciaire kafkaïen) et les acteurs tout simplement exceptionnels. Driver est sobre et étincelant de justesse, Johansson, incroyablement banale (voire moche) et incroyablement brillante, d’une richesse de jeu à couper le souffle (cf. son témoignage sur son rôle de mère à la fin). Le vrai pourquoi de la séparation n’apparaît pas clairement et n’est pas réductible à une cause unique. On peut mentionner tout de même en premier lieu le problème de la vie professionnelle et de l’épanouissement qui l’accompagne qui n’est pas assez parlé dans le couple d’où une frustration. Le fait que tous les deux proviennent de ménages de divorcés (pour des raisons fortes: alcoolisme, violence, père devenu gay, etc.), qu’il n’y ait pas de foi religieuse soutenant leur engagement ou de groupe d’amis partageant leur choix: de fait le mariage a été décidé sur un coup de tête sans vraiment réfléchir (tout comme l’enfant) sur ce qu’ils voulaient vivre et ce silence initial sera fatal. La question de l’individualisme moderne est bien présent aussi (à la Charles Taylor): être soi-même, je ‘vaux plus que cela’ etc.). Bref, contemporain, américain, brillant, humain, mélancolique, certes ‘so sad’ à la fin mais terriblement réussi.