Paru en 1976, ce grand roman serbe nous narre de façon chorale la vie et les pensées de différents personnages habitant la ville de Novi Sad, la principale ville de Voïvodine. Il y a là tous les milieux, toutes les langues (serbe, hongrois, yiddish, allemand) et toutes les origines. Une vieille fille allemande professeur à domicile que tous croient forte et fière mais qui hurle dans son journal la douleur de son célibat subi; une jeune fille juive, issue d’un couple mixte et qui s’interroge sur son identité; un jeune serbe qui hésite entre rejoindre les résistants et rester sagement en ville. Bien que situé en 1939-1945 (commençant avant en réalité), plus que de la guerre en soi ou des camps (quoiqu’ils soient présents), c’est surtout de l’humanité dont nous parle Tišma: ses rêves, ses lâchetés, son désir de gloire et/ou de survie. Il y a une incroyable finesse de perception psychologique, une maestria narrative qui nous emporte et fait que l’ensemble touche à l’universel. Un roman dur parfois mais d’une très grande puissance…