[Les Détectives sauvages] Ce premier grand livre de Roberto Bolaño est exubérant et touffu. Nous sommes dans le Mexico (DF) de 1968 à 1975 environ et nous suivons d’abord le journal d’un jeune poète gravitant dans un petit cercle d’autres poètes tandis que le cœur du livre est formé d’une sorte d’enquête, ultérieure, sur ce milieu. L’écriture est vive et riche en dialogue couleur locale mais l’intrigue est volontairement confuse et, un peu à la manière d’Ellroy (dans Perfidia), abonde en détails inutiles et ou triviaux. Cela en devient très fastidieux (et j’ai donc sauté la deuxième partie de la partie centrale du diptyque). Si l’on ajoute que ses jeunes héros sont pathétiquement ridicules, cela fait beaucoup. J’avais tant lu que Bolaño était le grand auteur en langue espagnole de ces dernières décennies que j’en attendais beaucoup d’où ma grande déception. Déception qui ne vient pas de la langue d’ailleurs mais de la façon d’écrire un roman qui n’en est pas vraiment un (sans doute, je veux bien le croire, Bolaño est-il avant tout un grand poète…). Mais je suppose que mon aristotélisme n’était pas du goût de Bolaño…