[DasWerk ohne Autor Un film de Florian Henckel Von Donnersmarck avec Tom Schilling, Paula Beer et Sebastian Koch (2018). Ce film nous raconte la vie romancée d’un artiste peintre allemand né en 1932: son enfance auprès d’une tante très aimée, le drame de la guerre qui affecte sa famille, son éducation au ‘réalisme socialiste’ et son passage à l’ouest en 1961. Même s’il est sorti en deux fois, il s’agit bien d’un seul film à voir en continu (3h). La perfection formelle de la réalisation (le réalisateur nous avait proposé le beau film ‘la Vie des Autres’ en 2006), la qualité du script et des acteurs, la force des thèmes abordés – le nazisme et l’euthanasie, la famille et ses pesanteurs, l’art et la liberté, le couple aussi – en font une œuvre sans doute un tantinet esthétisante et classique, mais qui possède néanmoins une indéniable force. Les parallèles entre nazisme et communisme, l’aspiration à la liberté dans le cadre de l’histoire allemande du 20ème siècle, sont bien rendus. Une certaine ellipse narrative survient à la fin et surprend mais, en un sens, l’essentiel avait été dit et cette manière de faire aurait sans doute plu aux tragédiens grecs et à leur sens du fatum. On peut regretter que le film respecte le tabou suprême du cinéma européen, en ce qu’il exclut toute évocation du monde de la foi, et comporte certaines scènes amoureuses, très belles mais assez explicites, qui rendront le film moins visible pour des mineurs (quoique dans le monde d’aujourd’hui on peut s’interroger sur ce point…). Mais la leçon finale, pas acquise au vue de l’histoire allemande et de son cinéma récent, pourrait se formuler d’une manière au fond assez évangélique: ‘Parfois la vie et l’amour l’emportent sur la mort et la haine… Et c’est beau.’