Dans ce court essai, le philosophe Olivier Rey se penche sur ce que la récente crise du covid révèle de notre rapport à la vie et donc à la mort. Il met des mots sur plusieurs choses que je ressentais – et ressens toujours – dans la situation actuelle. Comment la vie en est venu à occuper, du moins de façon affichée, la valeur suprême. C’est au fond logique selon l’auteur : « En tant qu’il commande un respect absolu, le sacré se trouvait anciennement placé au-dessus de la vie – ce pourquoi il pouvait, le cas échéant, réclamer le sacrifice de celle-ci. Comment la vie en est-elle venue à prendre elle-même la place du sacré? » De ce fait, « que la vie en tant que simple fait d’être en vie soit aujourd’hui devenue objet d’idolâtrie résulte pour partie, nous l’avons dit, d’un transfert sur la vie ainsi entendue d’enjeux religieux ». Ainsi « d’une part, l’individu se voit moralement émancipé de tout ce qui pouvait exiger de lui qu’il donne sa vie. D’autre part et du même coup, il se trouve de plus en plus disposé à se soumettre aux puissances qui protègent ladite vie » et « dans la vie publique, tout doit être fait pour tenir le spectre de la mort à distance ». Je ne le suivrais pas entièrement sur la question du 16ème siècle et des guerres dites de religion (cf. Cavanaugh) mais sur l’aujourd’hui je le rejoins pleinement. Une lecture qui nourrira le débat sur ce que la crise du covid révèle de nos sociétés. A noter la très juste observation sur le paradoxe du politique aujourd’hui: « C’est ce qui est décourageant avec ceux qui nous gouvernent. D’un côté, ils se voient accusés de maux dont ils ne sont pas responsables, et auxquels ils ne sauraient que très partiellement remédier. De l’autre, ils nous accablent de maux de leur fabrique. Au moment où l’on mesure la dose d’infantilisme qu’il y a, à s’exagérer la puissance des gouvernants pour ensuite requérir contre eux à tort et à travers, ils ne cessent, en retour, de prendre à notre endroit des mesures infantilisantes. Triste situation ».