Nous narrer les vies croisées de Lev Davidovitch Bronstein, dit Trotski, et de Ramon Mercader del Rio, son assassin, tel est le projet de l’écrivain cubain Leonardo Padura. On m’avait dit que c’était son meilleur livre et j’en doutais un peu, ayant beaucoup aimé tous les autres dont Hérétiques et la série des Mario Conde. Mais je dois me rendre à l’évidence, c’était vrai. Un pur bonheur de lecture: un style ample, conciliant souffle romanesque et précision historique, sens des détails et portraits inoubliables. Bien que connaissant plutôt bien les deux périodes historiques à l’arrière-plan – à savoir la guerre civile espagnole et la prise de contrôle du PCUS par Staline puis ses purges successives – j’ai été saisi par la narration. Le coup de génie de Padura est, me semble-t-il, de faire le lien avec l’histoire de Cuba. La rencontre curieuse entre un mystérieux promeneur et un écrivain cubain raté crée un effet de suspense très bien mené et permet de percevoir de l’intérieur ce qu’a vécu le peuple cubain des années 60 à nos jours. In fine ce sont sans doute ces chapitres que je retiens. Mais l’ensemble est d’une grande puissance. Ce roman est un incontestable chef d’oeuvre.