Depuis la sortie fort médiatique du livre des archéologues israéliens Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée (Bayard, 2002), la relation du récit biblique à la vérité historique est redevenue populaire et débattue. De nouveaux chercheurs sont apparus dont la méfiance vis-à-vis de la véridicité du contenu historique de l’Israël ancien (de David à Josias) est extrême. Cette école dite « minimaliste » est venue heurter une vieille archéologie biblique, qui, tant du côté israélien que chrétien, fut volontiers concordiste jusque dans les années 1970 (quoique pour des motifs différents !). L’ancien n’est plus crédible mais le nouveau est loin du consensus. Sur ces questions en chantier, Ph. Abadie présente un état des lieux informé. Il synthétise la position des principaux auteurs et illustre les enjeux en commentant des passages emblématiques. Deux premiers chapitres posent les termes du débat et soulignent l’importance de l’œuvre de Paul Ricoeur et Pierre Gibert pour repenser le rapport biblique à l’histoire. L’opposition entre histoire et légende est stérile pour entrer dans la façon propre dont la Bible construit son rapport à l’histoire. Il s’agit de reconnaître que « la Bible est une histoire produite par des visées théologiques ». Quatre chapitres traitent ensuite des points parmi les plus débattus : Josué et Jéricho, Salomon et son royaume, la division entre Israël et Juda et les récits sur Achab au nord. Il s’agit d’écarter tant un scepticisme archéologique niant les nombreuses traces de type historique qui traversent l’œuvre deutéronomiste qu’un littéralisme historique croyant que le nombre d’épouses de Salomon touche à l’essentiel de ce que le récit veut transmettre. Emaillés d’informations de nature historique, les livres que la tradition juive appelle à juste titre « les prophètes antérieurs » sont sans doute porteurs de plus de vérité que « le livre des annales des rois d’Israël » pouvait contenir et que l’archéologue se désole de ne point connaître.
Recension parue dans la revue Etudes en 2010