Ce court ouvrage, lyrique et poétique, philosophique et fin, permet à l’auteur de déployer une belle théologie de l’alliance dans le mariage. Mon impression finale est un peu partagée. Curieusement d’ailleurs. Sur le fond, avec les valeurs évoquées, l’anthropologie relationnelle et dialogale, plutôt lévinassienne qui sous-tend le propos, l’enracinement biblique, je me sens pleinement en accord. Je me suis demandé ce qui m’a gêné alors. Après réflexion, c’est le côté – du moins l’ai-je perçu ainsi – un peu hors-sol, trop lyrique mais parlant peu du terrain: le boulot et son rythme, la façon dont nos mentalités sont marquées par les valeurs du temps (instantanéité, individualisme, nombrilisme au fond). Par exemple, la lettre du 31 mai part du fait que le projet d’union est ‘mal accueilli’ disent les fiancés par leurs familles. C’est une question très réelle et délicate dont il faut explorer les motifs; mais la lettre ne revient absolument plus sur cette question et parle de l’accueil en général. Je n’ai pas réussi à voir ce couple comme existant réellement. Et le propos est beau mais parfois trop, trop théologique, trop intello. J’aurais aimé des propos plus lestés, sur le poids concret des enfants, les différences de gouts et de cultures familiales, la résistance aux modes, la pression puissante du travail pour les cadres, l’évolution dans le temps du désir et de ce que l’on veut faire de sa vie, etc. Bref, un propos plus incarné. Cela dit, l’idéal présenté avec enthousiasme est certainement le bon!