Une série (Apple TV+) de Susannah Grant avec Brie Larsson, Lewis Pullman, Aja Naomi King, en huit épisodes d’environ 45′ (2023), inspirée du roman de Bonnie Garmus. Elizabeth Zott, une jeune femme passionnée de science, qui voulait faire un PhD de chimie, se retrouve, sans que l’on sache pourquoi, laborantine dans un le département de chimie d’une université de Californie du Sud. Y travaille un scientifique maniaque et solitaire Calvin Evans hanté par ses propres démons. Nous sommes en 1950 et la place des femmes dans la société américaine (et plus largement occidentale) n’a jamais aussi étroitement balisée et cantonnée au domestique. Je ne peux en dire plus sur l’histoire mais elle est originale. Le thème principal de la série est certes celui de la cause des femmes (ainsi que la condition des noirs aux USA à l’époque): Les femmes peuvent-elles avoir une carrière scientifique et le mariage est-il un obstacle irrémédiable à l’engagement intellectuel d’une femme? Le propos de la scénariste rejoint ainsi celui de l’anglaise Dorothy Sayers dans Gaudy Night 20 ans auparavant. Mais outre cet aspect évident, il y a aussi d’autres questions anthropologiques essentielles qui sont abordées plutôt sérieusement: la question du deuil (et du trauma ancien) et la question de la foi dans son rapport à la religion (dans ce qu’elle de meilleur comme dans ce qu’elle a de pire (et là nous avons deux classiques: le prêcheur évangélique itinérant charlatan et l’évêque catholique abusant de son pouvoir et de la vérité pour son profit financier). Heureusement un jeune pasteur sauve l’honneur des croyants par des propos pleins de finesse (« Blind faith is the furthest thing from faith »). La trame romantique est d’une grande force. Portée par une excellente Brie Larsson, cette série est une vraie réussite (malgré deux ou trois petites longueurs et répétitions). Elle a aussi la qualité rare de pouvoir être vue avec des adolescents. Cet hymne à la femme de science est aussi un hymne à l’amour et à l’amitié vraie, tant il est vrai que: « We are for ach other: that sums up the whole universe, wouldn’t you say? »