A travers le récit de la vie d’un homme ordinaire, et par un jeu très bien conçu de flashbacks, nous avons le portrait d’une certaine Angleterre depuis le temps du blitz jusqu’à il y a 20 ans. En même temps, des secrets de famille apparaissent fort tardivement même si l’on a pressenti leur influence bien avant qu’ils ne soient révélés. Si j’ai parfois trouvé quelques longueurs, certaines scènes sont tellement puissantes et mémorables qu’elles justifient à elles seules le livre. Le personnage de ce enfant de soldat grandi dans un internat austère doit beaucoup à l’enfance de l’écrivain (qui a incorporé au scénario un élément clef de sa propre vie). On peut, aussi, et légitimement, lire ce livre comme décrivant l’impact d’un abus vécu par un jeune enfant, puis par un adolescent, et le chemin de réalisation de ce qu’il a vécu sera très long. Mais ce n’est qu’une des facettes d’un livre monde très ambitieux. L’écriture est remarquable. L’athéisme virulent du personnage est un peu pesant et surprend mais j’ai compris, après coup, qu’il était celui de l’auteur, alors même que le récit ne l’impose pas vraiment. Mais c’est aussi une facette du monde culturel et littéraire anglo-saxon des 20 dernières années.