Une série (canal+) de Fabrice Gobert, avec Yara Pilartz, Anne Consigny, Frédéric Pierrot, Clotilde Hesme, Céline Sallette, Grégory Gadebois, en huit épisodes d’environ 50′ (2012). Il y a une deuxième saison de même dimension. Dans une vallée française des Alpes, aujourd’hui, au même moment, des personnes décédées depuis plusieurs années, à la stupéfaction et désarroi de leur proches. Mais sont-ils vivants? Pourquoi reviennent-ils? Un point commun les unit-il? Difficile d’imaginer un scénario plus original et plus difficile à penser d’ailleurs. Même si cela change un peu vers la fin, l’approche ne va dans le sens du spectaculaire et des zombies mais est plutôt un parcours psychologique sur le deuil, le trauma, la place des morts dans nos vies individuelles et collectives. La place de la parole sur l’essentiel et dans la famille. Le début m’a rappelé The Sweet Hereafter de Atom Egoyan ou encore le retour du Colonel Chabert réfléchi par JP Kaufmann dans Outre-Terre: qu’est-ce que cela signifie revenir parmi les vivants? La plupart des morts sont des personnes qui ont eu leur vie interrompue brutalement ou avant le temps ce qui est le genre de morts qui traumatise le plus. Les acteurs sont excellents et doivent déployer beaucoup de subtilité pour jouer une situation inédite. Les sentiments humains naturels surgissent: folie? peur. angoisse? vision? Il est impossible d’échapper dans notre contexte provincial culturel français (où il y a encore un prêtre au village, même si sa conception de l’immortalité des âmes est affirmé avec un peu trop de force et est étrangement en tension avec la théologie catholique sur la résurrection des corps) au vocabulaire religieux: « Résurrection foudroyante?! Si tu as un autre mot, je suis preneur! » ou encore « c’est pas possible. C’est comme le petit Jésus. Elle était morte et puis, hop, elle ressuscite ». On est plutôt évidemment confronté, du moins nous faut-il le supposer pour rester, à une ressuscitation de type Lazare et non à une forme de ‘corps glorieux’. Mêlant les genres avec audace – mélodrame familial, enquête criminelle, atmosphère fantastique – cette série est un ovni dans le paysage habituel. Il y a un côté dérangeant dans l’ensemble et plutôt oppressant (qui me dérange personnellement d’ailleurs): ceux qui n’aiment pas ce genre d’atmosphère s’abstiendront. Il faudra accepter d’entrer dans le projet et de réfléchir à comment il nous parle de notre humanité et de la présence – ou pas – des défunts dans nos vies…