[Maixabel] Un film de Icíar Bollaín avec Blanca Portillo, Luis Tosar, Urko Olazabal, María Cerezuela, Mikel Bustamant (2021). Tiré d’une histoire vraie, ce film puissant nous situe au cœur du conflit du pays basque qui a provoqué tant de souffrances durant des décennies et se centre sur la question du pardon (que l’on se donne à soi-même ou que l’on se sent porté à accorder ou pas). L’héroïne, admirable de dignité est Maixabel Lasa, femme de l’homme politique Juan María Jáuregui, assassiné en 200 par l’ETA. Quelques années plus tard les membre du commando de tueurs sont arrêtés et condamnés à de lourdes peines. Un chemin de réconciliation est-il possible? Et si oui, à quelles conditions? Une médiatrice enceinte, figure de la vie, va y jouer son rôle. Le film est d’une humanité profonde, extrêmement puissant et remarquablement interprété par les deux acteurs principaux qui le portent: la veuve et le tueur.
Une chose m’a frappé qui ne remet en rien en cause les qualités du film mais me donne à penser. Il n’y a aucune, mais vraiment aucune, mention de Dieu ou de la foi. Dans une région, le pays basque, qui fut si longtemps et profondément chrétienne catholique, c’est tout de même impressionnant. Le nom n’apparaît pas, les personnages ne se signent jamais fut-ce au cimetière, l’enjeu spirituel du pardon jamais évoqué.Certes la famille des deux « héros » est de tradition socialiste mais tout de même. Il me semble que cela illustre éloquemment la sécularisation quasi totale du pays basque (et d’une bonne partie de l’Espagne). Du coup, le film sera moins lisible et plus énigmatique en dehors de l’Europe et, en tout cas, là où le nom de Dieu existe et où le pardon comporte nécessairement une dimension spirituelle. Ceci dit, le film est en son fond profondément évangélique (et non cynique) et la délicatesse avec laquelle les émotions sont traitées (notamment dans la très belle relation mère-fille) le rend consolant et dynamisant (malgré le poids du sujet).
Etienne Lepicard
Oui, mais justement c’est le Pays basque avec les conséquences de la guerre civile. Même de France on a du mal à imaginer la rupture « spirituelle » qu’elle a constitué. De sorte que je ne suis pas sûre que ce soit tant une question de sécularisation que de rupture spirituelle suite à la compromission de l’Eglise avec le franquisme…