En 1943 les Allemands procédèrent à la déportation des milliers de juifs peuplant la ‘Jérusalem des Balkans’, Thessalonique. Une infime minorité survécut. A Paris, en 2022, Valentine Dubois, une jeune femme, élève seule Milo, son petit garçon collégien. Sérieux et affectueux, il a comme handicap qu’il n’a jamais parlé alors même qu’il entend très bien. Peut-il y a voir un rapport entre ce mutisme étrange et ce drame absolu si loin dans l’histoire? L’auteure écrit avec vivacité le portrait d’une femme et nous remet en mémoire un événement de la shoah moins connu que d’autres. Ce roman veut nous parler de mémoire, individuelle et familiale, des traumatismes qui ont des racines lointaines, du poids du silence. Et ainsi de notre humanité en quête de reconnaissance et de relations, de vérité et de paroles. Le premier tiers m’a plutôt convaincu mais la deuxième partie m’a elle déçu, tant stylistiquement que narrativement. Il y a des éléments difficilement explicables: pourquoi le désir de ‘savoir’ s’interrompt brutalement (et la relation à la cousine)? Pourquoi oublier si vite Nathan? Il y a eu un gros travail de documentation avec les bonnes personnes et, sur une question que je connais bien, j’ai même appris une ou deux choses (notamment l’incendie de 1917 et le rôle des ‘Italiens’ comme les Modiano). Mais le niveau du livre baisse et ressemble à la fin à un roman féminin de gare ce qui est vraiment dommage. Bref, le roman illustre la maxime ‘les bons sentiments ne font pas de la bonne littérature’ et il faudra plutôt privilégier un Daniel Mendelsohn ou Anne Berest ou Philippe Sands…