Difficile de ne pas avoir une image plutôt négative des Pharisiens en lisant les évangiles. Pourtant, historiquement Jésus était plutôt proche des Pharisiens, partageant leur désir de proposer un renouveau spirituel exigeant pour tout le peuple, partageant leur foi en la résurrection et, souvent, leur façon d’enseigner et leurs principes herméneutiques. Mireille Hadas-Lebel nous offre un livre très clair, très pédagogique, faisant honnêtement le point sur ce que nous savons aujourd’hui, sachant que des zones d’ombre demeurent – par exemple, quelles relations (généalogiques ou idéologiques) les rabbins des débuts de la Mishna avaient avec les pharisiens ? Elle s’inscrit dans le groupe de ceux qui pensent que la popularité du judaïsme à l’époque s’explique par une forte attractivité (même si le terme de prosélytisme, avec ses connotations aujourd’hui ambiguës, est sans doute à proscrire) et je la rejoins tout à fait là-dessus (cf. p. 117). Elle se montre quelque peu sceptique sur le ‘binitarisme’ de certains groupes juifs tel que D. Boyarin le présente dans ‘Le Christ juif’ (cf. p. 145) et nous en avions parlé il y a quelques années. Je pense qu’au fond, ils ne sont pas si éloignés car le groupe derrière la littérature hénochienne (valorisant le terme de fils de l’homme) a pu être fort réduit. Le tout s’achève par un bref rappel des principales étapes du changement de langage de l’Eglise catholique sur la judéité de Jésus en s’achevant par le grand colloque sur les pharisiens organisé au Biblique en 2019. Bref, un livre très clair et qui représente une synthèse équilibrée sur un thème capital.