Un film de Sarah Suco avec Camille Cottin, Céleste Brunnquell, Jean-Pierre Daroussin et Eric Caravaca. Basé sur une histoire vraie, la sienne, celle d’une jeune adolescente qui entre, du fait de ses parents, dans une communauté charismatique catholique (avec ses trois petits frères et soeur), ce film décrit, cliniquement, implacablement, la dérive sectaire d’une communauté. Voir ce film quand on est croyant catholique est une véritable épreuve… Et la fin est quasi insoutenable… Et pourtant il faut, je le crois, accepter de regarder en face la vérité… N’ayant jamais vécu dans des communautés nouvelles et/ou charismatiques ni jamais assisté à un culte charismatique, certains faits m’ont, de prime abord, semblé incroyables (les bêlements pour appeler le berger, la présence d’enfants lors d’exorcismes, etc.) et pourtant il semble bien que cela soit exact et ait été vécu… Le film démontre avec rigueur comment l’abus spirituel conduit à l’abus sexuel… J’ai été particulièrement marqué par le fait que la vie de cette communauté témoigne du non respect absolu de tous les garde fous que la vie religieuse avait élaboré au fil des siècles (distinction du for interne et du for externe par exemple) et de la présence d’erreurs théologiques élémentaires (sur l’articulation nécessaire entre médecine et prière par exemple): comment l’Eglise catholique a-t-elle pu tant d’années fermer les yeux sur de telles dérives de type sectaire, allant clairement contre ses principes les plus fermes ? Comme si le simple fait pour cette communauté d’être jeune et sympathique et joyeuse faisait que l’on n’arrivait pas à voir/n’osait pas voir/refusait de voir des dérives dangereuses… Comme depuis plusieurs années, je me sens en communion profonde avec ces parents et amis qui ont vu des proches détruits par ce type de communauté. La démonstration doit amener un examen de conscience sur la vigilance dans l’Eglise catholique en laquelle tant de parents ont eu confiance et qui ont été trahis… Si la réalisation est linéaire et sans chichis, les acteurs, notamment la jeune Camille, sont remarquables. C’est un film dur mais nécessaire, rude mais vrai.