L’auteure nous raconte la vie d’un couple issu de deux familles juives viennoises depuis les années d’avant guerre jusqu’à leur fuite et leurs années en Amérique latine. La matière d’un roman est bien là mais il y a, au moins, trois problèmes. D’abord ce n’est pas bien écrit. L’écriture est plate, conventionnelle, riche en clichés et du coup terriblement prévisible. A mi-chemin entre Paris- Match et un roman de gare. Ensuite, au plan historique, les formules sont rapides et du coup amènent des tensions inutiles. Elle dit au début par exemple en note qu’un shtetl juif est comme un kibboutz ce qui me paraît très curieux comme idée puis décrit le chancelier Dollfuss comme lançant la nazification du pays alors même que, quelques pages plus loin, elle narre son assassinat par les nazis (dont il était, de fait,un opposant farouche). Bon rien de dramatique mais quand on a l’esprit un peu historien ça agace (ça s’arrange sur Trujillo). Ceci ne serait pas rédhibitoire si elle n’annonçait pas par des flashforwards, qui plus est inutiles, ce qui va se passer après dans le récit, alors même que le suspense devrait être le moteur de son roman ! Demeure le magnifique portrait d’une famille juive cultivée, élégante et courageuse, une histoire d’amour de longue durée (contenant une belle surprise finale que je ne dévoilerai pas sinon pour dire que les couples qui me connaissent savent que c’est très rare et que je recherche cela dans les films ou en littérature comme de l’eau au Sahara!). Des réfugiés juifs ayant vécu des histoires terribles et rebâtissant leurs vies ailleurs, il y en eut beaucoup comme eux mais il est (très) bon d’en faire mémoire et, pour eux, je mets trois étoiles. Mais quel dommage! Il y avait la matière d’un (très) bon roman.