Comme le suggère la majuscule, il s’agit ici du nom propre d’une famille qui, cela dit, l’est, bourgeoise. En 1919, Henri et Mathilde se marient. Né en 1895 (comme mon grand-père), officier d’artillerie passé par Verdun (comme mon grand-père aussi), il a survécu et appuyé sur sa foi profonde (idem), il veut participer au renouveau de la France (itou). Avec Mathilde, ils auront dix enfants (mes grands parents paternels s’étaient arrêtés à neuf) entre 1920 et 1940. Ce roman, quasi documentaire, va raconter leur histoire telle qu’elle est vue par une femme de la génération des petits enfants (un peu plus âgée que moi). Mêlant la petite histoire, celle d’une famille nombreuse catholique ayant le sens du devoir et du service, à la grande (surtout les guerres, la Première, la Seconde, l’Indochine et l’Algérie). Beaucoup de ce qui est dit, surtout dans la première moitié, m’a fait penser à ma famille (paternelle) à quelques différences près (un fort tropisme militaire, un enracinement parisien). C’est très bien conçu, remarquablement écrit et d’une grande honnêteté tant la narratrice, quoique consciente du temps qui est passé et de son propre écart au plan spirituel, tient à rendre hommage à la fondamentale droiture et aux vraies qualités de dévouement de cette famille. Elégant et intelligent, c’est aussi un véritable acte de pietas romaine, un hommage juste aux ancêtres. J’ai vraiment beaucoup aimé et je pense que quiconque est à peu près de cette génération (la mienne!) et de ce milieu fera de même. Je ne saurai trop recommander…