Un film de Pierre Jolivet avec Céline Sallette, Nina Meurisse. Une journaliste indépendante a enquêté pendant des années sur le scandale des algues vertes et la façon dont le lobby agro-industriel breton a pu étouffer pendant des années les questions écologiques liées à la production industrielle massive (et leur cortège de pesticides et engrais) au nom aussi de l’intérêt supérieur d’un secteur industriel exportateur (d’où les ‘vous savez comment étaient les campagnes bretonnes dans les années 50? vous voulez revoir ça?’ ou ‘vous voulez qu’on soit comme la Lorraine qui a perdu son industrie?’). Le récit (basé sur la BD algues vertes – l’histoire interdite d’Inès Léraud et Pierre Van Hove ) suit l’héroïne, Inès Léraud, qui, malgré les menaces incessantes, l’interruption de son contrat et l’usure psychologique, ne lâche pas l’affaire avec une ténacité admirable et une empathie forte avec les victimes. Au départ, j’ai été un peu surpris du couple homosexuel qu’elle forme avec sa compagne mais ce n’est pas une invention du scénario. Et, il me faut même ajouter que cette compagne, prof de philo dans la vie, est un modèle remarquable de conjoint, à la fois présent et respectueux: elle soutient et encourage discrètement tout en étant capable de dire à un moment, pour le bien même de sa partenaire, ‘je me protège et je te protège: oui ou non?’: il y a beaucoup de fraicheur et de tendresse dans leur relation et c’est touchant. Ce film, où la Bretagne est à l’honneur, ne blâme pas un ‘camp’ mais dénonce une ‘logique’ qui, sans être jamais remise en question, a eu des conséquences néfastes non seulement sur l’environnement mais sur les humains eux-mêmes. Bref, un Dark Waters à la française, bien écrit, bien joué et bien réalisé.