C’est une des rares fois de ma vie où je lis le livre après avoir vu une adaptation au cinéma. C’est assez passionnant de voir les choix du scénariste. Le livre a un côté impressionniste, dispersé dans son écriture même, touche-à-tout. L’atmosphère de la guerre avec ses dilemmes: les collabos, les juifs cachés, les courses, etc. est bien plus présente dans le livre. Le film est plus épuré et concentre tout sur le face à face entre Morin et Barny. Mais les dialogues essentiels sur la foi apparaissent et le côté profondément libre et évangélique de Morin demeure. Le Morin du livre (qui s’appelait Jules Albert Peillet et avait 26 ans) a un côté paysan truculent que n’a pas Duris, plus urbain (et plus âgé). Mais c’est vraiment une belle figure de prêtre qui se dégage car sa liberté ne l’empêche pas d’être très loyal envers l’Eglise et ses engagements. Il me semble que le scénario a su gommer les aspects plus datés du texte pour se concentrer sur l’expérience de la foi comme d’une rencontre qui change effectivement tout alors même qu’elle ne peut se vanter d’aucune preuve. Bref elle touche au mystère de l’amour et vice-versa. Que Beatrix Beck ait pu connaître un tel homme me touche et me réjouit. Et je trouve très juste la fin nouvelle que Boukhrief a imaginé: elle est cohérente avec le livre et le geste du baiser de la main est un des plus nobles qui soit car il tient ensemble attachement à notre chair et pudeur envers son mystère. J’aimais dira Beatrix « sa proximité efficace avec les gens ».